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De retour à Barcelone

Le traitement est le même mais tout est différent.

Nous sommes trois dans la voiture. Notre fils joue dans son siège auto et cela change tout.

Bien sûr que nous le voulons ce petit deuxième, bien sûr que ce serait super pour notre petit clown d’avoir un nouveau compagnon de jeu mais nous avons déjà tellement de chance…

Il y a de l’excitation pourtant. Cette ville signifie tant pour nous. Y retourner à trois est comme un pèlerinage, même si, dans le contexte actuel, nous savons que nous jouerons pas les touristes.

Il y a un peu d’anxiété aussi. Nous n’avons qu’un seul embryon. Il est possible qu’il ne survive pas à la dévitrification et que le transfert soit annulé. Le risque est faible mais il existe.

Nous n’aurons pas de nouvelle avant que je n’arrive à la clinique. A 14h40. Il reste de nombreuses étapes à franchir avant cela.

« C’est peut-être mieux que l’on s’arrête pour le faire manger avant d’arriver. On va être speed, sinon, non ? »

Charmant me sort de mes pensées. Arrivée prévue à 12h30. Oui, ce serait mieux que le bébé ait mangé avant.

Nous avons nos marques sur les aires d’autoroute. Le masque et le gel rajoutent juste quelques actions supplémentaires.

L’un trouve la chaise haute, l’autre le micro-ondes. La nouveauté, c’est le petit garçon qui déambule désormais de manière tout à fait autonome entre nous deux.

« Oh, qu’il est mignon » (enfin en version traduite, je ne suis pas une pro de l’espagnol). Ces petits mots égaient notre pause.

Avec le GPS, nous trouvons sans mal le parking réservé par avance. Les employés sont adorables avec nous, ils voient que je ne comprends pas tout et me montrent comment sortir avec la carte. Je la range précieusement.

Nous optimisons le chargement de la poussette et partons à la recherche de l’appartement. Nous pouvons y aller directement, ils ont réussi à le libérer plus tôt que prévu.

Il est vraiment bien ce deux pièces avec un lit bébé doté de jolis draps brodés (que je remplace par la gigoteuse mais l’intention est là !) et de petits kits un peu partout pour la désinfection, la toilette, la vaisselle, etc.

Nous laissons le bébé se dégourdir les jambes et prendre possession de ce nouvel environnement, le temps d’organiser les affaires et grignoter un bout.

Le coucher se passe plutôt bien mais il est déjà 14h passées. Un petit café, une dernière vérification que je n’oublie rien et je pars dans Barcelone en laissant mes deux hommes à la sieste.

Charmant aurait préféré venir avec moi mais ce n’est pas possible d’entrer dans la clinique avec un enfant en ce moment et c’est mieux pour nous tous qu’il fasse un bon dodo.

J’ai promis de faire bien attention mais malgré le masque, je prends plaisir à cette flânerie de courte durée dans des rues que je finis par reconnaître.

La clinique est en tout point conforme à mes souvenirs. La nouveauté est la prise de température. Pour le reste, rien n’a changé : vérification des papiers, une petite signature et l’infirmière me montre ma chambre.

Là, par contre, il y a de la nouveauté : plus de lit, juste deux chaises, un portemanteau et des tables basses.

« Vous pourrez partir directement après le transfert. Nous ne demandons plus aux patientes de rester allongées après. » Cela m’arrange, je pourrais retrouver mes deux hommes plus tôt.

Je m’installe dans ce petit réduit, tout petit mais aménagé avec goût.

Je bois les trois verres d’eau, me change tranquillement pour enfiler blouse, peignoir, chaussons et charlotte, envoie un reportage photo à Charmant et ai à peine le temps d’ouvrir mon livre que l’infirmière vient me chercher.

Je ne sais toujours pas si l’embryon va bien mais je me dis qu’ils m’auraient prévenue avant si ce n’était pas le cas.

Je passe les portes blindées, enfile les surchausses et découvre enfin notre Docteur Miracle.

« Ça me fait plaisir de vous revoir. » À moi aussi. Je suis contente que ce soit elle de nouveau. Son petit accent me réchauffe le cœur.

Et c’est à ce moment-là que je le vois. Tout ovale mais très beau.

« Vous voyez la couronne tout autour, c’est l’ébauche de placenta et là, au milieu, le futur fœtus. »

Nous plaisantons pendant le transfert. Chipsie 1er était resté coincé dans la pipette, tout comme par la suite, il ne voulait plus sortir de mon utérus. Un petit Tanguy.

Chipsie 2.0, lui, se fait la malle à la 1ère tentative. J’essaie de ne pas y voir de signe négatif mais réalise que, maintenant que nous allons cohabiter quelques jours, plus peut-être, il faut lui trouver un petit nom à lui.

Et que Charmant ne sait toujours pas si le transfert a pu avoir lieu. Je sors de ma bulle pour échanger des nouvelles. Le petit chat dort toujours, inutile de me presser.

Je me rhabille en prenant mon temps, jette un dernier coup d’œil à cette clinique qui nous aura tant apporté et prends tranquillement le chemin du retour sous le soleil.

« Maman, Maman, Maman ! »

Ils m’appellent depuis le balcon. Le petit clown m’a vue par la fenêtre. Freezie et moi sommes heureux de les retrouver.

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